G. Khellaf, A. Benziane.
Service de Néphrologie. CHU Bab El Oued
L’obésité a des conséquences sur les reins tant sur le plan structurel que fonctionnel avec ou sans conséquences métaboliques rénales. Les mécanismes liant l’obésité et l’atteinte rénale sont bien compris, y compris plusieurs mécanismes effecteurs avec des voies interconnectées. Une prévalence plus élevée de l’excrétion d’albumine urinaire, la protéinurie non néphrotique, la néphrolithiase, le risque accru de développer une IRC et la progression vers l’IRCT ont été identifiés comme étant associés à l’obésité et ayant un impact clinique pertinent. En outre, le traitement de substitution rénale et la transplantation rénale sont également influencés par l’obésité. La perte de poids est essentielle pour limiter l’impact de l’obésité sur les reins en réduisant l’albuminurie/protéinurie, en diminuant la vitesse de détérioration du DFGe, en retardant le développement de l’IRC et de l’IRCT et en améliorant le résultat d’une transplantation rénale. La réduction du poids peut également contribuer à un contrôle approprié des facteurs de risque cardiométaboliques tels que l’hypertension, le syndrome métabolique, le diabète et la dyslipidémie, qui peuvent avoir un effet protecteur non seulement sur les lésions rénales, mais aussi sur les maladies cardiovasculaires. L’hygiène de vie, certaines thérapeutiques ont démontré leurs avantages dans le traitement de cette affection.
Introduction
L’obésité est une pandémie en croissance continue qui associe un grand nombre de maladies au-delà des conséquences classiques : métaboliques, orthopédiques, psychologiques, cardiovasculaires et rénale. L’atteinte rénale est généralement silencieuse pendant plusieurs années avant l’apparition d’une symptomatologie clinique avec le déclin de la fonction rénale à partir d’un DFGe entre 45 et 54 (mL/min/1,73 m2). La prévalence de l’IRC aux stades 3 et 4 aux États-Unis a augmenté entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, avec une augmentation de la prévalence du diabète, de l’hypertension, de l’obésité et malgré le vieillissement continu de la population américaine, on assiste à une stabilisation de cette prévalence globale de l’IRC et de la prévalence accrue de l’obésité, grâce à un meilleur contrôle de l’hypertension, de la glycémie avec les nouveaux médicaments et surtout l’utilisation élargie des médicaments bloquant le système rénine-angiotensine chez les patients présentant une protéinurie [1].
Physiopathologie de la glomérulopathie liée à l’obésité
L’accumulation de tissu adipeux autour des organes est à l’origine d’une compression rénale secondaire, souligne le rôle possible de l’obésité viscérale dans le développement de la maladie rénale. Le dépôt de la matrice extracellulaire est étendu dans toute la médullaire rénale entourant les canaux de Bellini, ce matériel riche en lipides et en protéoglycanes comprime le parenchyme rénal vers le pôle vasculaire. La compression rénale affecte à la fois les éléments vasculaires (les vasa recta) et tubulaires (les anses de Henle) provoquant une activation du SRA et une augmentation de la réabsorption de sodium [2].
L’hyperfiltration augmente le flux sanguin rénal, en raison de la réabsorption du sodium, entraînant une sclérose progressive de la paroi glomérulaire due au stress de cisaillement physique entrainant une apoptose nephronique, la rétention de sodium s’atténue, tandis que la pression artérielle augmente pour maintenir l’équilibre sodique. Une protéinurie de type néphrotique est rare chez les obèses, mais une albuminurie peut exister [3]. Ces résultats suggèrent que l’atteinte rénale liée à l’obésité devrait être définie comme une forme particulière de glomérulosclérose segmentaire et focale évoluant lentement vers une insuffisance rénale terminale. Les patients atteints du syndrome métabolique présentent une prévalence élevée de maladie touchant la microvascularisation se manifestant par une atrophie tubulaire, une fibrose interstitielle et une sclérose artérielle [4].
Mécanismes
Les mécanismes des anomalies structurelles de l’IRC sont liés aux comorbidités de l’obésité, c’est-à-dire l’hypertension, l’insulinorésistance, le diabète de type 2 et la dyslipidémie athérogène, qui contribuent aux lésions rénales par des mécanismes tels que l’inflammation, le stress oxydatif, la régulation du SRAA, l’augmentation de l’activité du système nerveux sympathique ( SNS) et le dysfonctionnement endothélial à l’origine de l’atteinte rénale [5].
Hémodynamique
L’activation du SNS joue un rôle important dans la pathogenèse de l’hypertension et de l’IRC chez les personnes obèses [6]. L’activité rénine plasmatique ainsi que l’angiotensine II du tissu adipeux périvasculaire local augmentent de manière significative dans l’obésité [2]. L’angiotensine II augmente : le tonus des artérioles efférentes, la production de TGF-beta, la fibrose accélérant ainsi l’apoptose des podocytes. Au stade de début des lésions rénales associées à l’obésité, le taux du DFG-e augmente en raison de l’hyperperfusion due à la surcharge volumique. Les forces physiques intrarénales accrues, générées par l’accumulation de graisse autour et dans la médullaire rénale, engendrent une rétention sodique ainsi qu’une diminution du débit du filtrat glomérulaire au niveau de l’anse de Henle [2]. Ces changements précoces peuvent être inversés par une perte de poids, une restriction en sel et une prescription d’inhibiteurs du système rénine-angiotensine (ARA II).
Inflammation
L’inflammation chronique se développe localement dans les cellules adipeuses en expansion à partir des macrophages, mais devient systémique par la libération dans la circulation sanguine de médiateurs pro-inflammatoires. Des niveaux élevés d’acides gras libres (AGL) chez les personnes obèses peuvent augmenter la sensibilité vasculaire adrénergique, inhiber la Na+, K+-ATPase et la pompe à sodium, augmentant ainsi le tonus des muscles lisses vasculaires. Diverses cytokines biologiquement actives sont produites dans les cellules adipeuses, y compris des espèces radicalaires ou réactives de l’oxygène (ERO), des molécules pro-inflammatoires et inflammatoires (interleukine-1β, interleukine-6, facteur de nécrose tumorale α, protéine C-réactive), des facteurs angiogéniques (facteur de croissance vasculaire, protéine C-réactive), les composés modulant l’hémostase (inhibiteur de l’activateur du plasminogène-1, thromboxane A2), les protéines de la réaction de phase aiguë de l’inflammation (protéines amyloïdes A sériques, protéine C-réactive), et l’activation du facteur nucléaire kappa – activateur de la chaîne légère des cellules B activés (NF-κB) et de la kinase IκB (IKK), voies qui favorisent le dysfonctionnement endothélial et les maladies microvasculaires [2].
Hormones
L’insulinorésistance
induis une hyperfiltration glomérulaire, un dysfonctionnement endothélial, une perméabilité vasculaire accrue, une angiogenèse et d’autres voies impliquées dans l’atteinte de la microvascularisation associés à l’albuminurie [7]. L’hyperglycémie active les voies qui augmentent la production de produits finaux de glycation avancée (AGE), activent les isoformes de la protéine kinase C et augmentent le facteur de croissance transformant β qui augmente la production de la matrice extracellulaire par les cellules mésangiales induisant une fibrose rénale [8]. Les podocytes bloquent la protéinurie par l’arrangement du cytosquelette d’actine dans leurs processus de pied. Chez les patients diabétiques dans la phase précoce de l’atteinte rénale, on observe une diminution du nombre de podocytes et un effacement des podocytes. L’action de l’insuline sur les podocytes est essentielle pour préserver la fonction et la structure glomérulaires, protégeant la morphologie, le remodelage du cytosquelette et finalement la survie podocytaire [9].
La leptine
peut modifier les actions de l’insuline, induire l’angiogenèse, réduire la synthèse endothéliale de NO et interagir avec le système immunitaire. La leptine est éliminée par le rein et est augmentée chez les patients atteints d’insuffisance rénale chronique associée à l’anorexie et à la perte de poids chez les patients atteints d’IRCT. La leptine déclenche la sécrétion de TGF-beta par les cellules endothéliales glomérulaires, à laquelle les cellules mésangiales sensibilisées peuvent répondre en induisant le développement d’une glomérulosclérose focale et d’une protéinurie [10].
L’adiponectine
est une hormone peptidique dérivée du tissu adipeux, réduite chez les sujets obèses, qui agit comme un facteur lipolytique et régule la sensibilité à l’insuline. L’adiponectine prévient le processus athérogène en inhibant la formation de cellules spumeuses. L’adiposité se caractérise par un déficit en adiponectine. Les taux plasmatiques d’adiponectine sont inversement proportionnels aux taux d’insuline. L’adiponectine augmente l’activité de l’AMPK, ce qui réduit la perméabilité des podocytes [11].
La résistine
Une adipokine inflammatoire produite par les monocytes et les macrophages, est augmentée chez les patients ayant un faible DFG [12]. Chez les adultes atteints d’hypertension et de diabète, les niveaux de résistine circulante étaient associés à une réduction du débit de filtration glomérulaire estimé et de l’albuminurie [13].
Dysfonctionnement endothélial et modifications de la structure vasculaire
La dysfonction endothéliale est favorisée par plusieurs facteurs associant une insulinorésistance, de faibles taux d’adiponectine, un taux élevé de la leptine plasmatique, une élévation de la glycémie plasmatique et les AGF induisent une inflammation et par conséquent un dysfonctionnement endothélial, lequel entraîne une augmentation de la protéinurie [14].
Le monoxyde d’azote (NO) est produit par l’endothélium par activation de la phosphatidylinositol-3-kinase entraînant la phosphorylation de l’enzyme NO synthétase endothéliale (e-Nos=endothelial nitric oxyde synthase), qui produit le NO, ce dernier favorise la vasodilatation, réduit l’inflammation et l’agrégation plaquettaire. [15]. L’obésité est associée à une biodisponibilité réduite du NO. En présence d’une résistance à l’insuline, cette voie est régulée à la baisse, tandis que l’hyperinsulinémie augmente les niveaux d’endothéline-1, ce qui entraîne un déséquilibre entre les facteurs vasodilatateurs et vasoconstricteurs de l’endothélium, provoquant une hypertension [16]. La molécule d’adhésion cellulaire vasculaire-1 (VCAM-1), l’adhésion intercellulaire molecule-1 (ICAM-1), et la E-sélectine augmentent l’adhésion des monocytes à la paroi vasculaire, induisant l’athérosclérose. Ces facteurs vasculaires favorisent un cycle à l’origine de lésions rénales et d’hypertension [2].
Conséquences cliniques
Les patients obèses ont une prévalence plus élevée de développer une albuminurie, un syndrome néphrotique, une néphrolithiase, un risque accru de développer une IRC et une progression vers l’IRCT. Dans le cadre du traitement de substitution rénale et de la transplantation rénale, la disponibilité des donneurs et la survie des greffons sont également influencées par l’obésité. Au moment d’estimer l’association et l’impact de l’obésité sur la maladie rénale, la présence d’une sarcopénie, une condition non rare, peut être trompeuse, car elle peut conduire à sous-estimer l’obésité [17]. Par conséquent, d’autres paramètres que l’IMC doivent être pris en compte [18].
Atteinte rénale | L’épuration extrarénale | Transplantation rénale |
Biologique | Hémodialyse : | Receveur : |
Albuminurie Protéinurie Syndrome néphrotique MRC et IRCT | Temps de dialyse nécessaire Accès vasculaire Dysfonction des cathéters Calciphylaxie proximale | Retard de reprise de la fonction du greffon Risque de rejet Infection de la plaie |
Histologique | Dialyse péritonéale | Donneur |
Infiltration graisseuse rénale Glomerulopathie Glomerulosclérose | Dysfonction du cathéter Infection du cathéter | Retard de reprise de la fonction rénale Risque de MRC et d’IRCT |
Excrétion d’albumine urinaire et protéinurie
Chez les sujets ayant une obésité abdominale, l’albuminurie est plus fréquente. [19] La présence d’un ensemble de facteurs de risque cardiovasculaire augmente le risque d’albuminurie [20]. L’albuminurie associée à l’obésité a été observée chez les enfants et les adolescents, chez les adolescents souffrant d’obésité modérée, la prévalence était de 2,4 % [21] ; cependant, dans les cas d’obésité sévère, 3 % présentaient une protéinurie, 14 % une microalbuminurie et 3 % un DFG < 60 ml/min/1,73 m2 [22]. En outre, Goknar et al. [23] ont signalé que les enfants gravement obèses présentaient un taux plus élevé de marqueurs urinaires de lésions tubulaires, tels que la N-acétyl-bêta-D-glucosaminidase (NAG) et la molécule de lésion rénale (KIM)-1.
Bien que la prévalence de l’albuminurie en présence d’obésité ait été démontrée, cette affection reste sous-diagnostiquée en raison de l’absence de symptômes cliniques et du manque de dépistage systématique de l’albuminurie de bas grade.
Syndrome néphrotique
La glomérulopathie liée à l’obésité est caractérisée par la présence d’une protéinurie non néphrotique, d’une glomérulopathie et d’une perte de fonction rénale. Les patients présentent une protéinurie non néphrotique chez 30 % des sujets [24] il existe une protéinurie avec absence d’œdèmes, d’hypoalbuminémie et moins d’hyperlipidémie. La raison des différences entre ce syndrome et le syndrome néphrotique typique est le développement indolent de mécanismes compensatoires pendant de nombreuses années. Ces mécanismes réduisent ou limitent l’impact systématique et métabolique, en augmentant la synthèse hépatique d’albumine et d’autres protéines [25]. Ceci est à l’opposé du syndrome néphrotique dû à d’autres étiologies. Les biopsies des patients obèses révèlent une glomérulomégalie et certains d’entre eux développent également une forme adaptative de glomérulosclérose segmentaire focale, augmentant le risque de progression vers une dysfonction rénale [26].
Progression vers l’IRC et l’IRT
L’obésité a été associée à une incidence plus élevée d’IRC, définie par la présence d’albuminurie et/ou d’un DFG < 60 ml/min/1,73 m2, par rapport à la population non obèse [27] [28]. L’impact de l’obésité sur les conditions qui favorisent le déclin progressif de la fonction rénale a été souligné. Les enfants de faible poids de naissance, les sujets à faible dotation rénale, les sujets dont la masse rénale est réduite pour différentes raisons, ou qui présentent des lésions rénales primaires ou secondaires, présentent un risque accru de progression vers l’IRC et l’IRCT en présence d’obésité [29].
Les personnes obèses ont un risque plus de trois fois supérieur de développer une insuffisance rénale terminale (IRT) que les personnes ayant un poids normal [30]. Dans une grande cohorte autrichienne, avec une prévalence de l’obésité de 11,8 %, 0,3 % des personnes ont développé une insuffisance rénale terminale au cours d’un suivi de 22 ans et une augmentation de 5 points de l’IMC augmenterait le risque de 56 % [31]. Dans une cohorte du registre permanent du Kaiser comprenant 320 252 sujets suivis pendant 21 ans, le risque d’apparition d’une maladie coronarienne augmente avec le degré d’obésité de 3,57, 6,10 et 7,07 pour les obésités 1 à III respectivement, par rapport aux sujets de poids normal [32]. Cependant, lorsque la vitesse de déclin de la fonction rénale dans l’IRC pour développer une IRCT a été évaluée, des données controversées ont été rapportées. Alors que certaines études ont rapporté un déclin plus rapide [33].
La lithiase rénale
La prévalence et l’incidence de la lithiase rénale sont augmentées chez les sujets obèses. Cette association est favorisée par un pH urinaire acide, une augmentation de l’excrétion urinaire d’oxalate, de sodium, de phosphate, et d’acide urique. D’autres facteurs tels que l’effet de l’insulino-résistance sur l’échangeur tubulaire H — Na et l’ammoniogenèse favorisant l’acidification des urines ont également été impliqués dans l’apparition de ces lithiases [34]. Il est intéressant de noter que le risque augmente après certaines thérapies de perte de poids. En effet, après un bypass gastrique, l’absorption d’oxalate dans l’intestin augmente largement et le risque de lithiase rénale doit être prévenu par une réduction de la consommation d’oxalate alimentaire et une supplémentation orale en calcium.
L’épuration extrarénale (EER)
La prévalence croissante de l’obésité représente un défi pour la prise en charge optimale des patients en EER, tant en hémodialyse qu’en dialyse péritonéale [35]. Après 3 ans en hémodialyse, l’adiposité du tissu sous-cutané entraîne des problèmes d’accès vasculaire et une réduction de la fonction du cathéter. De plus, chez les sujets obèses, une augmentation du temps ou de la fréquence de dialyse est nécessaire, et il est plus difficile d’atteindre le poids sec chez ces patients. La calciphylaxie proximale est plus fréquente chez les obèses que chez les patients maigres. Chez les patients en dialyse péritonéale, le mauvais fonctionnement du cathéter et les infections du site de sortie sont plus fréquents chez les sujets obèses. Chez certains patients présentant une adiposité sévère, une omentectomie prophylactique pourrait être utile. En outre, les patients en IRCT et ceux sous dialyse ont tendance à présenter des troubles nutritionnels graves, une perte protéino-énergétique, et la présence d’une obésité peut être meilleure dans cette population, un paradoxe de l’obésité [36].
Transplantation rénale
Dans le passé, l’obésité était une contre-indication à la transplantation rénale si le poids n’était pas réduit. Bien que les seuils aient augmenté, jusqu’à un IMC de 40 kg/m2, l’obésité reste l’une des principales causes de contre indication sur la liste des transplantations. La raison en est que les sujets obèses recevant une greffe présentent des taux accrus de retard dans le déclin de la fonction du greffon, d’infection de la plaie et de rejet. Selon les recommandations du KDIGO, une décision individualisée devrait être prise pour un donneur vivant si l’IMC > 30 kg/m2 en raison du risque de développement futur d’hypertension, de diabète ainsi que d’IRCT [37].
Autres affections associées à l’obésité aggravant l’atteinte rénale
Deux complications fréquentes de l’obésité semblent augmenter encore le risque de lésions rénales. La première est l’apnée du sommeil et l’hypoxémie nocturne, qui ont été associées à la perte de la fonction rénale par l’activation du système rénine-angiotensine [38]. La deuxième est la stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD), la stéatohépatite non alcoolique et la fibrose avancée ont été associées à un risque accru de prévalence et d’incidence de l’IRC, avec un risque croissant selon la sévérité de la NAFLD [39].
Traitement de l’obésité et des lésions rénales
La perte de poids est essentielle pour limiter l’impact de l’obésité sur les reins en réduisant l’albuminurie/protéinurie, en diminuant le taux de détérioration du DFGe, en retardant le développement de l’IRC et de l’IRCT et en améliorant le résultat d’une transplantation rénale. Les effets résultant de la réduction du poids sont multiples. Outre le contrôle de la tension artérielle et d’autres facteurs de risque cardiovasculaire, la réduction de la leptine, de l’hyperfiltration glomérulaire, de l’activité du SRAA, de l’inflammation et du stress oxydatif semble être la plus importante. Compte tenu du profil hémodynamique caractéristique de l’hyperfiltration et dans les lésions rénales induites par l’obésité, la réduction de la fraction de filtration est le principal mécanisme qui procure un impact bénéfique au sujet qui a perdu du poids. En outre, une réduction de l’activité du SRAA a également été observée [40]. La réduction du poids peut également contribuer à un contrôle approprié des facteurs de risque cardiométaboliques tels que l’hypertension, le syndrome métabolique, le diabète et la dyslipidémie, ce qui peut avoir un effet protecteur non seulement sur les lésions rénales, mais aussi sur les maladies cardiovasculaires [41].
Intervention sur l’hygiène de vie
Les patients obèses, en particulier ceux qui présentent : (albuminurie/marqueurs tubulaire ou DFGe < 60 ml/min/1,73 m2), doivent être encouragés à perdre du poids en associant régime alimentaire et de l’exercice physique. S’il est débuté tôt, un régime hypocalorique, avec ou sans exercice physique, est capable de réduire l’albuminurie, la perte de poids obtenue par une combinaison de régime et d’exercice physique a également eu des effets bénéfiques sur la réduction de l’excrétion urinaire de protéines. Après l’introduction d’un régime, il est possible d’observer une réduction de l’EAU en quelques semaines. Dans un essai de contrôle, qui a duré cinq mois, une réduction de poids de 4 % a diminué la protéinurie chez environ 50 % des sujets [42]. Cependant, les données sur le ralentissement de la progression vers l’IRC sont moins documentées en raison des difficultés d’évaluation des résultats de certaines métanalyses [43].
Médicaments
Bloqueurs du SRAA
En présence d’albuminurie ou de protéinurie, les bloqueurs du SRAA doivent être prescrits pour réduire non seulement la suractivité sympathique, l’HTN, la résistance à l’insuline et l’inflammation. L’effet le plus important est de réduire la fraction de filtration et, par conséquent, l’albuminurie ; toutefois, chez les patients atteints d’IRC, la réduction du DFGe doit être surveillée après le début du traitement.
Médicaments pour lutter contre l’obésité
Parmi les médicaments approuvés pour le traitement de l’obésité, la Phentermine-Topiramate, l’agoniste du récepteur GLP-1 et le Bupropion-Naltresone, les données concernant l’impact sur la fonction rénale sont principalement disponible pour l’agoniste GLP1. Cette classe de médicament a été testée pour la protection rénale chez les patients diabétiques. Le liraglutide, un agoniste du GLP1, introduit initialement comme un médicament hypoglycémiant ayant un impact sur le poids corporel, est capable de réduire le poids et, dans un essai récent, LEADER, a démontré une réduction du risque CV [44]. Une diminution significative de l’albuminurie, un nouvel ensemble de protéinurie persistante et aucune progression du déclin du DFGe ont été rapportés chez les patients diabétiques. L’étude SUSTAIN-6 avec le semaglutide [45]. La lorcaserine, un récepteur sélectif de la sérotonine 2C, chez des patients à haut risque cardiovasculaire, a permis de réduire le taux d’insuffisance rénale par rapport au placebo [46]. L’impact bénéfique du GLP1 est qu’il peut protéger le rein de la progression vers l’IRC et/ou l’IRCT.
Inhibiteurs du cotransporteur 2 sodium-glucose (SGLT2i)
Le SGLT2i est une classe de médicaments mis sur le marché ces dernières années qui a un rôle important dans la protetion cardio-rénale dont le mécanisme produit divers effets bénéfiques chez les patients atteints de diabète, et d’obésité. L’inhibition de la réabsorption du glucose dans le tubule proximal produit une glycosurie, réduisant la charge calorique et le contenu en sodium avec une réduction du volume sanguin, et augmentant l’arrivée du sodium dans l’appareil juxtaglomérulaire, inhibant l’hyperactivité du système angiotensine rénal et réduisant la fraction de filtration, protégeant ainsi le rein [47]. Plusieurs essais de résultats ont confirmé l’impact bénéfique du médicament sur les fonctions cardiovasculaires et rénales [48, 49].
Chirurgie bariatrique
La chirurgie bariatrique, également appelée chirurgie métabolique, désigne les méthodes utilisées pour réduire l’obésité et améliorer les anomalies métaboliques. Les techniques les plus utilisées sont la sleeve gastrectomie verticale, le bypass gastrique Roux-en-Y, l’anneau gastrique ajustable et la diversion biliopancréatique/le switch duodénal. Le choix de la procédure la plus appropriée doit prendre en compte non seulement le risque de morbi-mortalité pendant les procédures, mais aussi les effets secondaires potentiels pendant le suivi [37]. Le traitement chirurgical de l’obésité a amélioré la prise en charge de l’IRC chez le diabétique et le non-diabétique et réduit le taux de déclin rénal vers l’IRCT. Une fois l’IRCT établie, les taux d’événements absolus sont faibles et, bien que des complications puissent être présentes, cette intervention reste sûre. La mise en œuvre de cette intervention avant la transplantation rénale augmente l’accès potentiel à la transplantation et, en outre, améliore la gestion des complications métaboliques après la transplantation, y compris le diabète d’apparition récente. De même, cela peut être bénéfique comme traitement pour les donneurs potentiels obèses [37].
Conclusion
L’impact de l’obésité sur le rein a retenu l’attention après la reconnaissance du fait que l’IMC est le deuxième marqueur le plus important dans le développement de l’IRCT après la protéinurie et l’un des plus pertinents associés à la présence de l’IRC, puisque l’obésité est fréquemment associée à l’hypertension, au syndrome métabolique et au diabète. Elle a également un impact important sur les sujets bénéficiant d’une thérapie de remplacement rénal et d’une transplantation rénale. En présence d’une augmentation de l’excrétion d’albumine urinaire, il est obligatoire d’agir afin de réduire le surpoids et de contrôler l’hypertension, le diabète et la dyslipidémie pour prévenir davantage la réduction du DFG.
Abréviations
RMC3 : récepteur de la mélanocortine 3, RMC4 : récepteur de la mélanocortine 4, aMSH : The melanocyte Stimulating Hormone, ARC: noyau arcade, NPY : Neuropeptide Y, AgRP : Agouti-related peptide, POMC: Pro-opiomélanocortine, SNS : système nerveux sympathique, NO : oxyde nitrique, ET : endothéline, VCAM-1 : molécule d’adhésion cellulaire vasculaire 1, ICAM-1 : molécule d’adhésion intercellulaire 1, PAI-1 : inhibiteur de l’activateur du plasminogène-1, TXA2 : Thromboxane A2, IL : interleukine, CRP : protéine c réactive, TNF : facteur de nécrose tumorale, ROS : Espèces réactives de l’oxygène, FFA : acides gras libres, Na : sodium, DFG : Débit de filtration glomérulaire, TMAO : Triméthylamine N-oxyde, SRA : système rénine angiotensine, SCFAs : acides gras à chaîne courte ; ERO : espèces radicalaires (ou réactives) de l’oxygène
Références
5. Redon J, Lurbe E: The kidney in obesity. Current hypertension reports 2015, 17(6):555.